« Regardez un pigeon avec amour. Non pas un aigle royal bien sûr ni un vautour de l’Himalaya. Non, ce serait beaucoup trop facile. Non, un simple pigeon. Pour y déceler cette incroyable grâce que nous nous évertuons à ne pas voir. C’est une expérience absolue qui est à la fois naturelle, culturelle, poétique, révolutionnaire et résistante. » Aurélien Barrau
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S’il en est fini depuis 2022 de pratiques barbares telles que la capture et la mise à mort des pigeons dans la Région de Bruxelles-Capitale, quasi aucune commune n’a pris de mesure pour enrayer leur prolifération et leur donner des conditions de vie acceptables. Affamés, estropiés, malades, ils traînent leur vie de misère dans l’indifférence générale. Les instances communales, pourtant responsables de leur gestion, préfèrent interdire leur nourrissage. Or, ce n’est pas une solution éthiquement acceptable. Les pigeons continuent de se reproduire et les laisser mourir de faim est d’une violence extrême.
Largement utilisés et imprégnés, les pigeons ont été soustraits de leur milieu naturel, placés en colombiers, et progressivement abandonnés sur un territoire ne leur offrant aucune ressource autre que celle fournie, volontairement ou non, par l’humain.
Ces animaux de nature sédentaire et strictement granivores évoluent sur un territoire limité. À défaut de trouver des graines en ville, ils errent à la recherche de déchets inadaptés à leurs besoins sans jamais combler la sensation de faim. Si l’objectif de la région bruxelloise et des communes de rendre les rues plus propres est bienvenu, l’assortir d’une interdiction de nourrissage condamne les pigeons à ne plus du tout s’alimenter. Les déclarer capables d’autonomie n’a en fait aucun sens, leur réalité quotidienne démontrant hélas le contraire. Considérés comme des animaux domestiques retournés à l’état semi-sauvage, ils n’en restent pas moins dépendants à jamais. Et programmer leur régulation par dénutrition sous couvert d’une totale désinformation, c’est leur réserver un lent et douloureux déclin.
Dans de nombreuses communes, nous pouvons observer que le plumage des pigeons devient de plus en plus terne et poisseux, signe de carences prononcées. Les pattes se prennent dans les nombreux liens qui traînent au sol, font garrot à chaque mouvement, et finissent par mutiler. Les accidents se multiplient, à force de se heurter à la foule qui ne leur prête plus aucune attention. Leur vie est soumise au stress continu et à la faim persistante. Ils ne vivent pas 2 ans dans ces conditions, tandis qu’ils peuvent vivre jusque 20 ans en milieu protégé.
Ils se reproduisent malheureusement beaucoup, ils peuvent donner naissance jusqu’à 8 jeunes par couple par année, leur vie est courte mais ils sont éternellement remplacés.
Les défenseurs des pigeons réclament depuis toujours la régulation douce des pigeons des villes. Les villes n’ont jamais répondu que par la violence : captures pour gazage, tir à la carabine, stérilisation à vif, empoisonnement et interdiction de nourrir en vue d’épuiser. Aucun résultat probant n’a été obtenu malgré toutes ces tentatives.
Les citoyens résistent et continuent encore de réclamer une solution.
Il existe 2 solutions :
- les pigeonniers contraceptifs
- Les pigeons y sont nourris, abreuvés et les œufs remplacés par des leurres.
Malheureusement cette approche demande une gestion particulière, peu réaliste au sein des grandes villes où les infrastructures devraient être nombreuses pour pouvoir couvrir tous les pigeons d’un territoire.
Cette solution est pourtant la plus adaptée et devra être envisagée à long terme, quand la régulation sera suffisante pour le permettre.
- Les pigeons y sont nourris, abreuvés et les œufs remplacés par des leurres.
- la contraception R12
- En accord avec la commune, une entreprise vétérinaire place des distributeurs automatiques de graines contraceptives qui éjectent du maïs enrobé d’une substance active appelée R12. Il s’agit d’une molécule, la nicarbazine, utilisée dans les élevages de poulets comme antiparasitaire. Elle a un effet contraceptif sur les pigeons, mais, contrairement aux rumeurs, n’a aucun impact sur d’autres oiseaux. Les pigeons voraces avalent tout en quelques secondes et le bec des passereaux est bien trop petit pour se saisir d’un tel grain. Les rapaces qui dévorent des pigeons n’en sont pas affectés, la molécule étant immédiatement métabolisée dans le corps des pigeons sans être stockée.
- Dans le même temps, un nourrissage citoyen bénévole agréé est organisé aux endroits choisis pour la contraception.
- Ce dernier projet nécessite quelques efforts et un certain financement.
Mais s’avère tout à fait réaliste et abordable.
En comparaison, les solutions de violence utilisées jusqu’à présent auront coûté, en vain, bien plus d’efforts et d’argent. .
Sur le terrain
La commune de Ixelles à Bruxelles a opté pour la contraception R12 associée au nourrissage encadré. Le résultat est positif après deux années de programme. La régulation est satisfaisante. Les pigeons sont en bon état de santé. La relation avec les citoyens sans problème majeur.
Attention : la contraception est un médicament. La contraception n’est pas un apport alimentaire. Seuls 15% des pigeons d’un groupe cible ont accès à 8 grammes de grain enrobé. Les autres ne reçoivent rien. La régulation des pigeons est très rapide quand la contraception est utilisée seule. En sachant que l’interdit de nourrir se renforce autour de la contraception quand elle est installée. Les conséquences de la faim accélèrent alors grandement le processus. La notion du bien-être animal en ville demande l’organisation d’un nourrissage encadré pour pouvoir être déclarée. Selon le même principe que pour les chats errants. Et une éducation citoyenne au respect et à la patience selon le droit à l’existence de chacun au meilleur du possible. Il s’agit essentiellement de faire évoluer les mentalités, plutôt que de vouloir s’en débarrasser au plus rapidement.
Regrouper, réguler, respecter.
Le résultat après quelques années ne sera que positif. Tant pour les pigeons que pour les citoyens tous confondus.
Pour les riverains directs des sites de contraception choisis en fonction des regroupement connus de longue date, il peuvent utiliser des pics recourbés à installer sur les toits/balcons. Ces pics sont sans danger, simples d’utilisation et peu onéreux.
En pratique
L’asbl les plumes d’Ixelles encadre toute la partie qui concerne le nourrissage des pigeons.
Il est demandé d’observer attentivement ces quelques points :
- Les pigeons sont alimentés au grain uniquement et selon un horaire régulier ;
- les bénévoles sont munis d’une carte d’autorisation communale et portent un gilet communal orange afin de pouvoir être identifiés ;
- Les bénévoles veillent à la propreté des sites ;
- Les citoyens sont informés et sensibilisés, une entente relativement sereine est primordiale ;
- les pigeons entravés des pattes sont libérés des liens au maximum ;
- les pigeons malades sont retirés des groupes et euthanasiés à défaut de pouvoir tous les soigner. Ceci leur évite une longue agonie.
Il y a 6 sites actifs de contraception. Un minimum de 6 sites sont encore nécessaires et sont considérés comme en attente dans le programme global.
Les pigeons sont alimentés sur chacun de ces sites, à raison de 40 grammes de grain par jour et par pigeon. Le coût d’achat du grain est élevé.
Liste des sites actifs à Ixelles
- Square de la Croix-Rouge
- Toit de l’école d’architecture de la Cambre à Flagey
- Toit du Delhaize de la Rue de Hennin
- Toit de la bibliothèque Mercelis près de Fernand Cocq
- Place Blyckaerts
- Le long du cimetière de l’ULB
2 sites en attente deviennent urgents à installer de contraception
- Pont du germoir (Vivier)
- Eglise de la Trinité
4 autres sites en attente sont encore nécessaires
- Square Verhaeren
- Esplanade Chaussée de Wavre (musée des sciences naturelles)
- Ulb-université
- Derby
Ainsi, six sites restent en attente de contraception malgré les demandes pressantes de l’association.
Sans financement supplémentaire de la Région de Bruxelles-Capitale et/ou sans l’apport de sponsors privés, la commune ne mènera sans doute pas entièrement ce beau projet pilote à son terme.
À Bruxelles-ville
La Ville de Bruxelles a opté pour une autre politique. Elle a placé treize distributeurs automatiques de graines contraceptives dans des lieux stratégiques et a même été une pionnière de la contraception. Elle n’a pourtant développé aucun plan pour éviter la famine aux pigeons sauf sur trois sites gérés par l’association à la frontière d’Ixelles.
Les 3 sites sont extrêmement importants. Ces sites sont un réservoir de jeunes pigeons et très proches des sites de contraception de Ixelles. Se décider devient urgent. Si les pigeons de ces sites se voient forcés à déménager, ils rejoindront un site de nourrissage d’Ixelles et ce ne sera pas le bienvenu pour les riverains ni pour le dosage de contraception décidé.
- Croisement Bailli-Louise (installé)
- Place Stéphanie
- Place du Champ de Mars
Les 3 sites sont pris en charge de nourrissage par l’asbl.
Le site de la porte de Hal est également demandé directement par l’asbl mais nécessite encore un recrutement bénévole.
Dans le centre-ville, les pigeons atterrissent sur les tables des restaurants EXKi
Si l’on observe des pigeons dodus à Ixelles, ceux du centre-ville sont amaigris et en piteux état. Impossible de déloger les pigeons affamés qui, en vol groupé, envahissent les terrasses et picorent voracement sur les tables occupées par des clients. Un manager de EXKi en fait l’amère expérience dès la belle saison. Il a interpelé la Ville de Bruxelles en insistant sur l’état physique dégradé des volatiles et en soulignant la bonne gestion d’Ixelles : « Nous supervisons la gestion d’établissements dans d’autres communes, notamment à Ixelles où nous avons observé des résultats particulièrement satisfaisants grâce à la mise en place de sites de nourrissage et de contraception pour les pigeons. Ces résultats ont bénéficié tant à la population animale qu’aux restaurateurs concernés».
Appel aux dons
L’asbl recherche des donateurs réguliers de façon impérative. Tout le fonctionnement ne repose que sur la générosité de ceux qui soutiennent le projet.
Les plumes d’Ixelles : BE19 3632 2624 0012
Appel aux bénévoles
L’asbl manque de bénévoles nourrisseurs résidents à Ixelles. Tous les sites sont pris en charge par une poignée de volontaires seulement. Aucun de ces bénévoles ne prend jamais un jour de relâche.
Et la situation est risquée pour les pigeons en cas de maladie de l’un d’entre eux. Il s’agirait pour les nouveaux volontaires de prendre en charge un des sites actif soit d’apporter une aide de remplacement ponctuel.
Le coût du grain est évidemment pris en charge par l’asbl.
Actions et pétitions
Selon les mêmes actions qui ont été engagées auprès de la commune de Ixelles, l’asbl propose à chaque personne d’agir auprès de sa propre commune :
- signature et partage d’une pétition adressée à chaque commune de Bruxelles ainsi qu’à la région de Bruxelles-capitale
- envoi et partage d’un mailing adressé à chaque commune de Bruxelles ainsi qu’à la région de Bruxelles-capitale
- recherche de nourrisseurs potentiels en cas de mise en place du programme dans l’une ou l’autre commune
- recherche de dons supplémentaires pour aider au bon fonctionnement
Lien vers les pétitions
Remarques utiles :
Certaines communes organisent des réunions citoyennes au bien-être animal. C’est en participant à ces réunions organisées que l’asbl est parvenue à faire entendre, à une oreille attentive, le bien fondé et la nécessité de son projet. L’asbl invite tout un chacun à faire le pas.
L’asbl vous invite à rejoindre le groupe Facebook qui propose d’apprendre les techniques pour capturer les pigeons en vue de les libérer des fils qui entravent leurs pattes, par le biais d’actions directes dans les rues de Bruxelles.
https://www.facebook.com/groups/1236088084035920/?ref=share
Appel aux Témoignages
Les nourrisseurs au grain se cachent, sous la répression et la mentalité de les considérer comme « ayant tous un grain »
C’est une profonde injustice, en sachant que ces personnes bravent les interdits dans l’unique but de venir en aide aux pigeons, autrement condamnés à crever lentement de faim comme solution de régulation.
Condamnés aux déchets d’une ville sale en permanence, et aux résidus de ceux qui ne prennent les pigeons que pour des poubelles, déversant qui plus est n’importe où et n’importe comment.
Ces défenseurs réclament une gestion douce des pigeons, mais les villes persistent dans le sens d’une violence n’apportant pourtant aucun résultat depuis le temps.
La faim est une violence plus pernicieuse que les autres mise à mort directes dénoncées par beaucoup, parce que plus invisible mais plus lente à l’usure.
Pour pouvoir surmonter cette désinformation, je propose à ceux qui le veulent d’apporter leur témoignage.
Directement sur la page, ou en privé que je publierai alors de façon anonyme.
Il faut ouvrir les yeux. Regrouper les pigeons pour les placer sous contraception et les alimenter en complément permettra au fil des années de faire évoluer une mentalité pervertie à propos de cet oiseau, de faire cesser les conflits, de réduire les désagréments et d’obtenir une population saine d’oiseaux réintégrés d’une correcte façon dans le paysage urbain
Témoignages
J’ai commencé à nourrir les pigeons de mon quartier lors du confinement.
Avant je ne les voyais pas, comme beaucoup de monde… ils faisaient partie du paysage, et puis ici ils ne se posent jamais, je ne sais pas où ils se nourrissaient avant.
Lors du confinement donc, j’étais une des rares a avoir de droit de sortir car j’avais des chiens qui devaient faire leurs besoins et c’est là que je les ai vu.. au milieu de la rue déserte, cherchant désespérément à manger… pigeons, tourterelles et même les canards me suivaient..
alors j’ai acheté des graines et leur ai donné pendant 1 semaine quelques graines par ci par là, où les oiseaux étaient à me regarder.
Ma voisine m’a dénoncée et durant la dernière sortie du soir, la police municipale est venue me voir pour me dire d’arrêter, que c’était interdit et que ça attirait les rats ( les rats ? les graines étaient englouties sitôt qu’elles touchaient le sol… )
Ancienne policière moi même, je n’ai jamais enfreint la loi de ma vie, alors j’ai arrêté, affrontant durant 3 jours le regard de ces petits êtres affamés.
« Désolée je n’ai pas le droit, c’est interdit, je sais que vous avez faim, mais je ne peux pas… »
Les sorties étaient un cauchemar, un conflit entre ma volonté de ne pas être une mauvaise citoyenne et ma conscience que laisser ces êtres mourrir de faim était inhumain.
Le 5ème jour, quand je suis sortie, une vision d’horreur m’attendait au coin de la rue, à l’endroit où j’avais nourri plusieurs fois 5 pigeons, reposaient les cadavres de deux d’entre eux… écrasés par des voitures.
Plus tard, la même journée, un pigeon était prostré sous une poubelle, c’était un petit sac d’os… je l’ai ramené chez moi où il est mort entre mes mains et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Je me suis sentie sale, j’aurais pu faire quelque chose, j’aurais pu désobéir à cet ordre IMMORAL de laisser des animaux mourrir de faim..
Pourquoi ?
Par peur d’une amende ?
Ça ne m’aurait pas tuée, moi !
Je me suis beaucoup renseignée sur les pigeons, sur le fait qu’ils ont été domestiqués durant des millenaires et qu’ils sont devenus totalement dépendants de nous, ils ne peuvent absolument pas se nourrir sans humains et sont condamnés sans notre intervention.
Ma décision était prise : pour la première fois de ma vie, j’allait désobéir à une loi absurde de la société et obéir à mes valeurs.
Alors j’ai choisis un endroit loin des regards, loin de la route, où je pourrais les nourrir sans être vue.
Là ou avant je nourrissais à plusieurs endroits, j’ai rapproché petit à petit du lieu que j’avais choisis… Avant c’étaient des petits groupes de 10, 15 maximum, maintenant, à cause de l’illegalité de ma démarche, et du fait que je ne peux nourrir qu’à un seul endroit, c’est un grand groupe d’une centaine de pigeons qui m’attendaient tous les matins à la même heure.
Ils mangeaient et puis repartaient, le tout en 15 minutes maximum entre le temps d’attente et le départ après avoir mangé.
Un jour, un personne m’a vue puis dénoncée… la police m’a encore parlé et j’ai menti… j’ai nié avoir quoique se soit à faire avec les pigeons et ils ont commencé à patrouiller dans le coin.
J’ai du changer mes horaires, regardant toujours par dessus mon épaule pour savoir si quelqu’un me voyait, les employés de la mairie prenaient maintenant leur pause cigarette à l’endroit où je nourrissais les pigeons alors je continuais mon chemin.. bien consciente que les pigeons maintenant attendaient sur le bâtiment presque toute la journée, ne sachant pas si j’etais déjà passée ou pas, totalement dépendants, ils créaient une vraie nuisance désormais…
100 pigeons qui squattent sur un toit, ça fait tâche, alors que si nourrir avait été légal, il y aurait encore plusieurs petits groupes quasiment invisibles..
Si seulement cela pouvait être comme à Ixelles, une contraception afin de limiter le nombre de petits miséreux et une autorisation de nourrir, à horaire fixe… que les pigeons puissent manger à plusieurs endroits puis partir vaquer à leurs activités…
Une chose est sûre, comme beaucoup d’autres nourrisseurs de pigeons ou même de chats : JE N’ARRÊTERAI PAS DE NOURRIR même si je dois prendre des amendes ou aller au tribunal..
Qu’est ce que de l’argent face à leur vie ?
les campagnes d’interdiction ne m’arrêteront pas.. alors s’il vous plaît, choisissez une solution éthique et qui contente tout le monde : limiter la reproduction et autoriser un nourissage encadré à des lieux et des horaires définis d’un commun accord.
Je ne veux pas être hors la loi mais je ne veux pas non plus suivre des lois maltraitantes, vous pouvez changer les règles et contenter tout le monde.
🙏 merci de montrer que c’est possible 🕊
Anonyme, 19 mars 2023